Par HÉLÈNE BUGHIN
pressée pressée je m’extrais le jaune du sourire
(hésitation du souffle)
inspirer
prolonger
ça serre ça sert à rien me défaire de ce propre corps il ne me quittera pas
sauf ce souffle immense
ce même refrain ce même bruit ambiant et
mes épaules saccadées
les nervures cisaillent ma poitrine je touche l’extrémité de ma tension
je me tortille fendue en deux
ma gorge vacille
je ne sais plus m’écouter
⟣
ce n’est pas moi qui tourne les jours
mais cette vive absence
engourdissant mes joues
j’ai dans la tête
la masse d’un cri
en ligne sur mon corps
marques et crevasses
d’une arrachée au monde
⟣
parfois il y a seulement ce ventre et
en orbite
mon attention indicible
un doigt scrute la profondeur du
blanc chaviré les lésions
parfaitement immuables
au renflement qu’est l’aine
ma main ne plonge jamais tout à fait
le ventre gonfle oubliant d’aboutir
mes dents mordant mes dents une
mâchoire frémissante
⟣
tendue se pend l’impatience
glissent tes doigts quand sursaute mon souffle
se croisent nos nœuds
déraille la langue
vertige de lèvres fendues
main au creux du cou
un parasite parle chacal
nos immensités rétrécissent
le point le poing
levé
soulevé
⟣
il vient vers moi je perçois sa
trajectoire
près de moi
se courbe en mon axe
il frôle la ligne et moi
impuissante de trop aimer ça
je vois pourtant cette main tordue
raréfier la distance entre l’inévitable
il pousse des cornes
aux roses de nos corps